404.Que requiert d’autre un authentique vivre ensemble humain ?
Il requiert le respect de la justice, une juste hiérarchie des valeurs, la subordination des dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles ; En particulier, là où le péché pervertit le climat social, il faut faire appel à la conversion des cœurs et à la grâce de Dieu, afin d’obtenir des changements sociaux qui soient réellement au service de toute personne et de toute la personne. La charité, qui exige la justice et rend capable de la pratiquer, est le plus grand commandement social.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
1886. II. La Conversion et la Société
La société est indispensable à la réalisation de la vocation humaine. Pour atteindre ce but il faut que soit respectée la juste hiérarchie des valeurs qui " subordonne les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles " (CA 36) :
La vie en société doit être considérée avant tout comme une réalité d’ordre spirituel. Elle est, en effet, échange de connaissances dans la lumière de la vérité, exercice de droits et accomplissement des devoirs, émulation dans la recherche du bien moral, communion dans la noble jouissance du beau en toutes ses expressions légitimes, disposition permanente à communiquer à autrui le meilleur de soi-même et aspiration commune à un constant enrichissement spirituel. Telles sont les valeurs qui doivent animer et orienter l’activité culturelle, la vie économique, l’organisation sociale, les mouvements et les régimes politiques, la législation et toutes les autres expressions de la vie sociale dans sa continuelle évolution (PT 35).
1887. L’inversion des moyens et des fins (cf. CA 41), qui aboutit à donner valeur de fin ultime à ce qui n’est que moyen d’y concourir, ou à considérer des personnes comme de purs moyens en vue d’un but, engendre des structures injustes qui " rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne, conforme aux commandements du Divin Législateur " (Pie XII, discours 1er juin 1941).
1888. Il faut alors faire appel aux capacités spirituelles et morales de la personne et à l’exigence permanente de sa conversion intérieure, afin d’obtenir des changements sociaux qui soient réellement à son service. La priorité reconnue à la conversion du cœur n’élimine nullement, elle impose, au contraire, l’obligation d’apporter aux institutions et aux conditions de vie, quand elles provoquent le péché, les assainissements convenables pour qu’elles se conforment aux normes de la justice, et favorisent le bien au lieu d’y faire obstacle (cf. LG 36).
1889. Sans le secours de la grâce, les hommes ne sauraient " découvrir le sentier, souvent étroit, entre la lâcheté qui cède au mal et la violence qui, croyant le combattre, l’aggrave " (CA 25). C’est le chemin de la charité, c’est-à-dire de l’amour de Dieu et du prochain. La charité représente le plus grand commandement social. Elle respecte autrui et ses droits. Elle exige la pratique de la justice et seule nous en rend capables. Elle inspire une vie de don de soi : " Qui cherchera à conserver sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvera " (Lc 17, 33).
411.Comment la société assure-t-elle la justice sociale ?
La société assure la justice sociale quand elle respecte la dignité et les droits de la personne, qui constituent la fin propre de la société. D’autre part, la société recherche la justice sociale, qui est liée au bien commun et à l’exercice de l’autorité, quand elle accomplit les conditions qui permettent aux associations et aux individus d’obtenir ce à quoi ils ont droit.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
1928. La société assure la justice sociale lorsqu’elle réalise les conditions permettant aux associations et à chacun d’obtenir ce qui leur est dû selon leur nature et leur vocation. La justice sociale est en lien avec le bien commun et avec l’exercice de l’autorité.
1929. I. Le respect de la personne humaine
La justice sociale ne peut être obtenue que dans le respect de la dignité transcendante de l’homme. La personne représente le but ultime de la société, qui lui est ordonnée :
La défense et la promotion de la dignité humaine nous ont été confiées par le Créateur. Dans toutes les circonstances de l’histoire les hommes et les femmes en sont rigoureusement responsables et débiteurs (SRS 47).
1930. Le respect de la personne humaine implique celui des droits qui découlent de sa dignité de créature. Ces droits sont antérieurs à la société et s’imposent à elle. Ils fondent la légitimité morale de toute autorité : en les bafouant, ou en refusant de les reconnaître dans sa législation positive, une société mine sa propre légitimité morale (cf. PT 65). Sans un tel respect, une autorité ne peut que s’appuyer sur la force ou la violence pour obtenir l’obéissance de ses sujets. Il revient à l’Église de rappeler ces droits à la mémoire des hommes de bonne volonté, et de les distinguer des revendications abusives ou fausses.
1931. Le respect de la personne humaine passe par le respect du principe : " Que chacun considère son prochain, sans aucune exception, comme ‘un autre lui-même’. Qu’il tienne compte avant tout de son existence et des moyens qui lui sont nécessaires pour vivre dignement " (GS 27, §1). Aucune législation ne saurait par elle-même faire disparaître les craintes, les préjugés, les attitudes d’orgueil et d’égoïsme qui font obstacle à l’établissement de sociétés vraiment fraternelles. Ces comportements ne cessent qu’avec la charité qui trouve en chaque homme un " prochain ", un frère.
1932. Le devoir de se faire le prochain d’autrui et de le servir activement se fait plus pressant encore lorsque celui-ci est plus démuni, en quelque domaine que ce soit. " Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait " (Mt 25, 40).
1933. Ce même devoir s’étend à ceux qui pensent ou agissent différemment de nous. L’enseignement du Christ va jusqu’à requérir le pardon des offenses. Il étend le commandement de l’amour, qui est celui de la loi nouvelle, à tous les ennemis (cf. Mt 5, 43-44). La libération dans l’esprit de l’Evangile est incompatible avec la haine de l’ennemi en tant que personne mais non avec la haine du mal qu’il fait en tant qu’ennemi.
412.Quel est le fondement de l’égalité entre les hommes ?
Tous les hommes jouissent d’une égale dignité et des mêmes droits fondamentaux, en tant qu’ils sont créés à l’image du Dieu unique et qu’ils sont dotés d’une âme raisonnable ; ils ont même nature et même origine, et ils sont appelés, dans le Christ, unique Sauveur, à la même béatitude divine.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
1934. II. Egalité et Différences entre les hommes
Créés à l’image du Dieu unique, dotés d’une même âme raisonnable, tous les hommes ont même nature et même origine. Rachetés par le sacrifice du Christ, tous sont appelés à participer à la même béatitude divine : tous jouissent donc d’une égale dignité.
1935. L’égalité entre les hommes porte essentiellement sur leur dignité personnelle et les droits qui en découlent :
Toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale, la langue ou la religion, doit être dépassée, comme contraire au dessein de Dieu (GS 29, § 2).
413.Comment évaluer les inégalités entre les hommes ?
Il y a des inégalités iniques sur les plans économique et social, qui frappent des millions d’êtres humains. Elles sont en contradiction ouverte avec l’Évangile et sont contraires à la justice, à la dignité des personnes, à la paix. Mais il y a aussi des différences entre les hommes, causées par divers facteurs, qui appartiennent au plan de Dieu. Il veut en effet que chacun reçoive d’autrui ce dont il a besoin et que ceux qui ont des « talents » particuliers les partagent avec les autres. Ces différences encouragent et souvent obligent les personnes à la magnanimité, à la bienveillance et au partage. Elles incitent les cultures à s’enrichir les unes les autres.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
1936. En venant au monde, l’homme ne dispose pas de tout ce qui est nécessaire au développement de sa vie, corporelle et spirituelle. Il a besoin des autres. Des différences apparaissent liées à l’âge, aux capacités physiques, aux aptitudes intellectuelles ou morales, aux échanges dont chacun a pu bénéficier, à la distribution des richesses (cf. GS 29, § 2). Les " talents " ne sont pas distribués également (cf. Mt 25, 14-30 ; Lc 19, 11-27).
1937. Ces différences appartiennent au plan de Dieu, qui veut que chacun reçoive d’autrui ce dont il a besoin, et que ceux qui disposent de " talents " particuliers en communiquent les bienfaits à ceux qui en ont besoin. Les différences encouragent et souvent obligent les personnes à la magnanimité, à la bienveillance et au partage ; elles incitent les cultures à s’enrichir les unes les autres :
Je ne donne pas toutes les vertus également à chacun ... Il en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l’un, tantôt à l’autre ... A l’un, c’est la charité ; à l’autre, la justice ; à celui-ci l’humilité ; à celui-là, une foi vive ... Quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribués avec la plus grande inégalité, et je n’ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l’occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres ... J’ai voulu qu’ils eussent besoin les uns des autres et qu’ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu’ils ont reçues de moi (S. Catherine de Sienne, dial. 1, 6).
1938. Il existe aussi des inégalités iniques qui frappent des millions d’hommes et de femmes. Elles sont en contradiction ouverte avec l’Evangile :
L’égale dignité des personnes exige que l’on parvienne à des conditions de vie plus justes et plus humaines. Les inégalités économiques et sociales excessives entre les membres ou entre les peuples d’une seule famille humaine font scandale. Elles font obstacle à la justice sociale, à l’équité, à la dignité de la personne humaine, ainsi qu’à la paix sociale et internationale (GS 29, § 3).
414.Comment s’exprime la solidarité humaine ?
La solidarité, qui découle de la fraternité humaine et chrétienne, se manifeste en premier lieu dans la juste répartition des biens, dans la rémunération équitable du travail et dans l’engagement pour un ordre social plus juste. La vertu de solidarité pratique aussi le partage des biens spirituels de la foi, encore plus importants que les biens matériels.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
1939. Le principe de solidarité, énoncé encore sous le nom d’ "amitié " ou de " charité sociale ", est une exigence directe de la fraternité humaine et chrétienne (cf. SRS 38-40 ; CA 10) :
Une erreur, " aujourd’hui largement répandue, est l’oubli de cette loi de solidarité humaine et de charité, dictée et imposée aussi bien par la communauté d’origine et par l’égalité de la nature raisonnable chez tous les hommes, à quelque peuple qu’ils appartiennent, que par le sacrifice de rédemption offert par Jésus-Christ sur l’autel de la Croix à son Père céleste, en faveur de l’humanité pécheresse " (Pie XII, enc. " Summi pontificatus ").
1940. La solidarité se manifeste en premier lieu dans la répartition des biens et la rémunération du travail. Elle suppose aussi l’effort en faveur d’un ordre social plus juste dans lequel les tensions pourront être mieux résorbées, et où les conflits trouveront plus facilement leur issue négociée.
1941. Les problèmes socio-économiques ne peuvent être résolus qu’avec l’aide de toutes les formes de solidarité : solidarité des pauvres entre eux, des riches et des pauvres, des travailleurs entre eux, des employeurs et des employés dans l’entreprise, solidarité entre les nations et entre les peuples. La solidarité internationale est une exigence d’ordre moral. La paix du monde en dépend pour une part.
1942. La vertu de solidarité va au delà des biens matériels. En répandant les biens spirituels de la foi, l’Église a, de surcroît, favorisé le développement des biens temporels auquel elle a souvent ouvert des voies nouvelles. Ainsi s’est vérifiée, tout au long des siècles, la parole du Seigneur : " Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît " (Mt 6, 33) :
Depuis deux mille ans, vit et persévère dans l’âme de l’Église ce sentiment qui a poussé et pousse encore les âmes jusqu’à l’héroïsme charitable des moines agriculteurs, des libérateurs d’esclaves, des guérisseurs de malades, des messagers de foi, de civilisation, de science à toutes les générations et à tous les peuples en vue de créer des conditions sociales capables de rendre à tous possible une vie digne de l’homme et du chrétien (Pie XII, discours 1er juin 1941).
509.Quel est le contenu la doctrine sociale de l’Église ?
La doctrine sociale de l’Église, en tant que développement organique de la vérité de l’Évangile sur la dignité de la personne humaine et sa dimension sociale, contient des principes de réflexion, formule des critères de jugement, et présente des normes et des orientations pour l’action.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2419. III. La doctrine sociale de l’Église
" La révélation chrétienne conduit à une intelligence plus pénétrante des lois de la vie sociale " (GS 23, § 1). L’Église reçoit de l’Evangile la pleine révélation de la vérité de l’homme. Quand elle accomplit sa mission d’annoncer l’Evangile, elle atteste à l’homme, au nom du Christ, sa dignité propre et sa vocation à la communion des personnes ; elle lui enseigne les exigences de la justice et de la paix, conformes à la sagesse divine.
2420. L’Église porte un jugement moral, en matière économique et sociale, " quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent " (GS 76, § 5). Dans l’ordre de la moralité elle relève d’une mission distincte de celle des autorités politiques : l’Église se soucie des aspects temporels du bien commun en raison de leur ordination au souverain Bien, notre fin ultime. Elle s’efforce d’inspirer les attitudes justes dans le rapport aux biens terrestres et dans les relations socio-économiques.
2421. La doctrine sociale de l’Église s’est développée au dix-neuvième siècle lors de la rencontre de l’Evangile avec la société industrielle moderne, ses nouvelles structures pour la production de biens de consommation, sa nouvelle conception de la société, de l’Etat et de l’autorité, ses nouvelles formes de travail et de propriété. Le développement de la doctrine de l’Église, en matière économique et sociale, atteste la valeur permanente de l’enseignement de l’Église, en même temps que le sens véritable de sa Tradition toujours vivante et active (cf. CA 3).
2422. L’enseignement social de l’Église comporte un corps de doctrine qui s’articule à mesure que l’Église interprète les événements au cours de l’histoire, à la lumière de l’ensemble de la parole révélée par le Christ Jésus avec l’assistance de l’Esprit Saint (cf. SRS 1 ; 41). Cet enseignement devient d’autant plus acceptable pour les hommes de bonne volonté qu’il inspire davantage la conduite des fidèles.
2423. La doctrine sociale de l’Église propose des principes de réflexion ; elle dégage des critères de jugement ; elle donne des orientations pour l’action :
Tout système suivant lequel les rapports sociaux seraient entièrement déterminés par les facteurs économiques est contraire à la nature de la personne humaine et de ses actes (cf. CA 24).
510.Quand l’Église intervient-elle en matière sociale ?
L’Église intervient en portant un jugement moral en matière économique et sociale, quand cela est exigé par les droits primordiaux de la personne, par le bien commun ou par le salut des âmes.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2420. L’Église porte un jugement moral, en matière économique et sociale, " quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent " (GS 76, § 5). Dans l’ordre de la moralité elle relève d’une mission distincte de celle des autorités politiques : l’Église se soucie des aspects temporels du bien commun en raison de leur ordination au souverain Bien, notre fin ultime. Elle s’efforce d’inspirer les attitudes justes dans le rapport aux biens terrestres et dans les relations socio-économiques.
511.Comment doit s’exercer la vie sociale et économique ?
La vie sociale et économique doit s’exercer selon ses méthodes propres, dans le cadre de l’ordre moral, pour le service de l’homme dans son intégralité et pour le service de toute la communauté humaine, dans le respect de la justice sociale.Elle doit avoir l’homme comme auteur, centre et fin.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2459. L’homme est lui-même l’auteur, le centre et le but de toute la vie économique et sociale. Le point décisif de la question sociale est que les biens créés par Dieu pour tous arrivent en fait à tous, suivant la justice et avec l’aide de la charité.
512.Qu’est-ce qui s’oppose à la doctrine sociale de l’Église ?
S’opposent à la doctrine sociale de l’Église les systèmes économiques et sociaux qui sacrifient les droits primordiaux des personnes ou qui font du profit leur règle exclusive et leur fin ultime. C’est pourquoi l’Église réfute les idéologies associées au cours de la période moderne au « communisme » ou aux autres formes athées et totalitaires de « socialisme ». En outre, dans la pratique du « capitalisme », elle réfute l’individualisme et le primat absolu de la loi du marché sur le travail humain.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2424. Une théorie qui fait du profit la règle exclusive et la fin ultime de l’activité économique est moralement inacceptable. L’appétit désordonné de l’argent ne manque pas de produire ses effets pervers. Il est une des causes des nombreux conflits qui perturbent l’ordre social (cf. GS 63, § 3 ; LE 7 ; CA 35).
Un système qui " sacrifie les droits fondamentaux des personnes et des groupes à l’organisation collective de la production " est contraire à la dignité de l’homme (GS 65). Toute pratique qui réduit les personnes à n’être que de purs moyens en vue du profit, asservit l’homme, conduit à l’idolâtrie de l’argent et contribue à répandre l’athéisme. " Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon " (Mt 6, 24 ; Lc 16, 13).
2425. L’Église a rejeté les idéologies totalitaires et athées associées, dans les temps modernes, au " communisme " ou au " socialisme ". Par ailleurs, elle a récusé dans la pratique du " capitalisme " l’individualisme et le primat absolu de la loi du marché sur le travail humain (cf. CA 10 ; 13 ; 44). La régulation de l’économie par la seule planification centralisée pervertit à la base les liens sociaux ; sa régulation par la seule loi du marché manque à la justice sociale " car il y a de nombreux besoins humains qui ne peuvent être satisfaits par le marché " (CA 34). Il faut préconiser une régulation raisonnable du marché et des initiatives économiques, selon une juste hiérarchie des valeurs et en vue du bien commun.
513.Quel est le sens du travail pour l’homme ?
Pour l’homme, le travail est un devoir et un droit, grâce auquel il coopère avec Dieu créateur. En effet, en travaillant avec soin et compétence, la personne met en œuvre des capacités inscrites dans sa nature, manifeste les dons du Créateur et les talents qu’il a reçus ; elle subvient à ses besoins et à ceux de ses proches ; et elle sert la communauté humaine. En outre, avec la grâce de Dieu, le travail peut être un moyen de sanctification et de collaboration avec le Christ pour le salut d’autrui.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2426. IV. L’activité économique et la justice sociale
Le développement des activités économiques et la croissance de la production sont destinés à subvenir aux besoins des êtres humains. La vie économique ne vise pas seulement à multiplier les biens produits et à augmenter le profit ou la puissance ; elle est d’abord ordonnée au service des personnes, de l’homme tout entier et de toute la communauté humaine. Conduite selon ses méthodes propres, l’activité économique doit s’exercer dans les limites de l’ordre moral, suivant la justice sociale, afin de répondre au dessein de Dieu sur l’homme (cf. GS 64).
2427. Le travail humain procède immédiatement des personnes créées à l’image de Dieu, et appelées à prolonger, les unes avec et pour les autres, l’œuvre de la création en dominant la terre (cf. Gn 1, 28 ; GS 34 ; CA 31). Le travail est donc un devoir : " Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus " (2 Th 3, 10 ; cf. 1 Th 4, 11). Le travail honore les dons du Créateur et les talents reçus. Il peut aussi être rédempteur. En endurant la peine (cf. Gn 3, 14-19) du travail en union avec Jésus, l’artisan de Nazareth et le crucifié du Calvaire, l’homme collabore d’une certaine façon avec le Fils de Dieu dans son Œuvre rédemptrice. Il se montre disciple du Christ en portant la Croix, chaque jour, dans l’activité qu’il est appelé à accomplir (cf. LE 27). Le travail peut être un moyen de sanctification et une animation des réalités terrestres dans l’Esprit du Christ.
2428. Dans le travail, la personne exerce et accomplit une part des capacités inscrites dans sa nature. La valeur primordiale du travail tient à l’homme même, qui en est l’auteur et le destinataire. Le travail est pour l’homme, et non l’homme pour le travail (cf. LE 6).
Chacun doit pouvoir puiser dans le travail les moyens de subvenir à sa vie et à celle des siens, et de rendre service à la communauté humaine.
514.À quel type de travail toute personne a-t-elle droit ?
L’accès à un travail sûr et honnête doit être ouvert à tous, sans discrimination injuste, dans le respect de la libre initiative économique et d’une rétribution équitable.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2429. Chacun a le droit d’initiative économique, chacun usera légitimement de ses talents pour contribuer à une abondance profitable à tous, et pour recueillir les justes fruits de ses efforts. Il veillera à se conformer aux réglementations portées par les autorités légitimes en vue du bien commun (cf. CA 32 ; 34).
515.Quelle est la responsabilité de l’État en ce qui concerne le travail ?
Il revient à l’État d’assurer la sécurité concernant la garantie des libertés des individus et de la propriété, ainsi qu’une monnaie stable et des services publics efficaces ; de surveiller et de conduire l’application des droits humains dans le secteur économique.En fonction des circonstances, la société doit aider les citoyens à trouver du travail.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2431. La responsabilité de l’Etat. " L’activité économique, en particulier celle de l’économie de marché, ne peut se dérouler dans un vide institutionnel, juridique et politique. Elle suppose que soient assurées les garanties des libertés individuelles et de la propriété, sans compter une monnaie stable et des services publics efficaces. Le devoir essentiel de l’Etat est cependant d’assurer ces garanties, afin que ceux qui travaillent puissent jouir du fruit de leur travail et donc se sentir stimulés à l’accomplir avec efficacité et honnêteté ... L’Etat a le devoir de surveiller et de conduire l’application des droits humains dans le secteur économique ; dans ce domaine toutefois, la première responsabilité ne revient pas à l’Etat mais aux institutions et aux différents groupes et associations qui composent la société " (CA 48).
516.Quelle est la tâche des dirigeants des entreprises ?
Les dirigeants des entreprises ont la responsabilité économique et écologique de leurs opérations. Ils sont tenus de considérer le bien des personnes et pas seulement l’augmentation des profits ; ceux-ci sont cependant nécessaires pour réaliser les investissements, l’avenir des entreprises, l’emploi et la bonne marche de la vie économique.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2432. Les responsables d’entreprises portent devant la société la responsabilité économique et écologique de leurs opérations (cf. CA 37). Ils sont tenus de considérer le bien des personnes et pas seulement l’augmentation des profits. Ceux-ci sont nécessaires cependant. Ils permettent de réaliser les investissements qui assurent l’avenir des entreprises. Ils garantissent l’emploi.
517.Quels sont les devoirs des travailleurs ?
Ils doivent s’acquitter de leur travail avec conscience, compétence et dévouement, cherchant à résoudre les conflits éventuels par le dialogue. Le recours à la grève non violente est moralement légitime quand il se présente comme un élément nécessaire en vue d’un bénéfice proportionné, tout en tenant compte du bien commun.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2435. La grève est moralement légitime quant elle se présente comme un recours inévitable, sinon nécessaire, en vue d’un bénéfice proportionné. Elle devient moralement inacceptable lorsqu’elle s’accompagne de violences ou encore si on lui assigne des objectifs non directement liés aux conditions de travail ou contraires au bien commun.
518.Comment s’exercent la justice et la solidarité entre les nations ?
Au niveau international, toutes les nations et toutes les institutions doivent agir dans la solidarité et la subsidiarité, dans le but d’éliminer ou au moins de réduire la misère, l’inégalité des ressources et des moyens économiques, les injustices économiques et sociales, l’exploitation des hommes, l’accroissement de la dette des pays pauvres, les mécanismes pervers qui font obstacle au développement des pays les moins avancés.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2437. V. Justice et solidarité entre les nations
Au plan international, l’inégalité des ressources et des moyens économiques est telle qu’elle provoque entre les nations un véritable " fossé " (SRS 14). Il y a d’un côté ceux qui détiennent et développent les moyens de la croissance et, de l’autre, ceux qui accumulent les dettes.
2438. Diverses causes, de nature religieuse, politique, économique et financière confèrent aujourd’hui " à la question sociale une dimension mondiale " (SRS 9). La solidarité est nécessaire entre les nations dont les politiques sont déjà interdépendantes. Elle est encore plus indispensable lorsqu’il s’agit d’enrayer les " mécanismes pervers " qui font obstacle au développement des pays moins avancés (cf. SRS 17 ; 45). Il faut substituer à des systèmes financiers abusifs sinon usuraires (cf. CA 35), à des relations commerciales iniques entre les nations, à la course aux armements, un effort commun pour mobiliser les ressources vers des objectifs de développement moral, culturel et économique " en redéfinissant les priorités et les échelles des valeurs " (CA 28).
2439. Les nations riches ont une responsabilité morale grave à l’égard de celles qui ne peuvent par elles-mêmes assurer les moyens de leur développement ou en ont été empêchées par de tragiques événements historiques. C’est un devoir de solidarité et de charité ; c’est aussi une obligation de justice si le bien-être des nations riches provient de ressources qui n’ont pas été équitablement payées.
2440. L’aide directe constitue une réponse appropriée à des besoins immédiats, extraordinaires, causés par exemple par des catastrophes naturelles, des épidémies, etc. Mais elle ne suffit pas à réparer les graves dommages qui résultent des situations de dénuement ni à pourvoir durablement aux besoins. Il faut aussi réformer les institutions économiques et financières internationales pour qu’elles promeuvent mieux des rapports équitables avec les pays moins avancés (cf. SRS 16). Il faut soutenir l’effort des pays pauvres travaillant à leur croissance et à leur libération (cf. CA 26). Cette doctrine demande à être appliquée d’une manière très particulière dans le domaine du travail agricole. Les paysans, surtout dans le Tiers Monde, forment la masse prépondérante des pauvres.
2441. Accroître le sens de Dieu et la connaissance de soi-même est à la base de tout développement complet de la société humaine. Celui-ci multiplie les biens matériels et les met au service de la personne et de sa liberté. Il diminue la misère et l’exploitation économiques. Il fait croître le respect des identités culturelles et l’ouverture à la transcendance (cf. SRS 32 ; CA 51).
519.Comment les chrétiens participent-ils à la vie politique et sociale ?
Les fidèles laïcs interviennent directement dans la vie politique et sociale en animant avec un esprit chrétien les réalités temporelles et en collaborant avec tous, comme authentiques témoins de l’Évangile et artisans de paix et de justice.
Extrait du catéchisme de l'Église catholique
2442. Il n’appartient pas aux pasteurs de l’Église d’intervenir directement dans la construction politique et dans l’organisation de la vie sociale. Cette tâche fait partie de la vocation des fidèles laïcs, agissant de leur propre initiative avec leurs concitoyens. L’action sociale peut impliquer une pluralité de voies concrètes. Elle sera toujours en vue du bien commun et conforme au message évangélique et à l’enseignement de l’Église. Il revient aux fidèles laïcs " d’animer les réalités temporelles avec un zèle chrétien et de s’y conduire en artisans de paix et de justice " (SRS 47 ; cf. 42).